La société / ton boss / ta daronne…a décidé de t’embrouiller ce matin. De là, plusieurs options :
1/ se laisser faire, tu n’es qu’une pierre qui roule.
2/ allumer le gaz et attendre dans la cuisine, une cigarette allumée à la main.
3/ s’embrouiller avec son voisin, la boulangère ou la première personne qui passe par là.
4/ aller vandaliser la ville, elle n’attend que toi : ses murs sont gris et vierges, dénués de revendications à part que les côtes de porc sont à 6.99 € chez leclerc.
Tu mets donc tes chaussettes et tes chaussures et tu sors de chez toi avec la ferme détermination de faire quelque chose, parce que c’est simple et que c’est gratuit. « Ah le goût de la gratuité ». Les panneaux publicitaires fleurissent au gré de la marche, avec leurs couleurs chatoyantes, les statues des généraux avec leurs crottes de pigeons, l’arrêt de bus couvert d’inscriptions datant des temps anciens. Que choisir ?
1/ l’arrêt de bus et rajouter aux textes anciens, de nouvelles inscriptions cryptiques pour en faire le palimpseste de la ville.
2/ le poteau à l’angle de la rue et ses caméras qui ressemblent à une mst.
3/ la trottinette électrique de ton boss qui pollue avec sa batterie au lithium de merde.
4/ un beau mur vierge et fraichement repeint.
Comme de par hasard tu trouves un marqueur indélébile au fond de ta poche de veste. Tu décides donc de t’attaquer à l’arrêt de bus, cependant l’inspi te manque. Tu décides donc de t’inspirer d’un écrit déjà présent. Tu pars sur :
1/ « société tu ne m’auras pas…une 2ème fois ».
2/ « Jean-Jérôme pue de la gueule ».
3/ « mi-flic mi-raisin ».
4/ « manuele macrone -> explozione ».
5/ « celui qui lira ça est un con ».
6/ autre choix : ……………………………
« Voilà une bonne chose de faite » penses-tu tout haut en reprenant ta route. Le vent se lève et avec lui la pluie. Tu croises alors une petite mémé à cadis. Elle manque de s’envoler. La vie ne tient décidément qu’à un fil, ou bien à un cadis. Son clebs chie juste devant toi, tu te sens alors soudainement envahi par la grâce. Peut-être est-ce le moment de :
1/ Ramasser cette crotte et la déposer anonymement sur le bureau du patron.
2/ Ramasser cette crotte pour en agrémenter ta décoction de boule puante. Celle là même que tu prévois de répandre au vernissage de cette expo à la gloire de Macron au centre d’art de ta ville.
3/ Ramasser cette crotte pour la jeter contre un Mcdo en criant « Y’en à marre !!!!! José Bovééé! ».
4/ Te farcir le clébard de cette innocente grand-mère à cadis, de toute façon, elle l’a fait exprès, mais non, ta frustration ne l’emportera pas sur ta bonne humeur, de toute façon un flic va glisser dessus, c’est le karma interstellaire qui l’a dicté d’après les textes anciens de l’arrêt de bus alinéa 1., je cite : « société, tu ne m’auras pas une 2ème fois. »
Bravo, tu as fait le bon choix ! Mais tu t’es quand même cru le/a plus malin/e. On est en 2025, et il y a des caméras partout tu ne le savais pas ? La police municipale a repéré ta petite gueule de petite frappe et accourt sur toi sans que tu ne t’en rendes compte :
1/ Tu dis « c’est pas moi » et balance la petite vieille au cadis en pointant son alzheimer rampant.
2/ Tu tends les mains en disant : « punissez-moi, je le mérite. »
3/ Tu te retournes, baisses ton pantalon en disant « punissez-moi, je le mérite ».
4/ Tu leur craches à la gueule en gueulant : « venez tous je vous prends un à un (et en pensant très fort « punissez-moi, je le mérite »).
5/ Tu dis « pouce » pour que tout le monde se calme et qu’on reprenne à zéro.
Visiblement, ça marche. Ce n’est pas le cas pour tout le monde, tu le sais, ça te soulage et ça t’énerve très fort en même temps, quelle sensation étrange. Tu continues ta marche profondément dans la ville. Quand soudain, tu croises une manif d’enfants gilets jaunes, ils crament la bagnole du ministre de l’intérieur, c’est incroyable ! c’est sidérant ! c’est exaltant !
Oh mais c’est encore un mirage, putain de pluie grise sur la ville.
Tiens donc, tu croises ce bon vieux Jean-Jérôme. Il a pris un sacré coup de pelle, mais il pue toujours autant de la gueule. « Alors Jean-Jérôme toujours pas révolté par la société ? » Jean-Jérôme répond par l’affirmative, rajoutant qu’il a justement rejoint :
1/ un gang de vieilles dames qui font des tags « Free Palestine » à Nice en soutien à la cause Palestinienne et pour éveiller les consciences.
2/ un gang de colleuses lors de leur dernière action « morte pour rien » sur les monuments aux morts.
3/ lui-même pour se faire un train tranquille, car c’est un artiste.
4/ le club international des déboulonneurs de statues.
5/ son mec pour une soirée pizza.
ça c’est sympa Jean-Jérôme, inspirant.
Tu te réveilles dans ton lit. Comment tu y es arrivé ? Mystère !
Le téléphone sonne : ta daronne / ton boss / une société de courtage en assurance a décidé de t’embrouiller ce matin…de là plusieurs options :
1/ …
ça apparaît d’un coup sur la paroi qui dormait sage une balafre neuve une phrase cassée un cri sans bouche et je reste plantée là devant cette déchirure proprement sale quelque chose s’ouvre dans l’air une tension fine comme un nerf à vif je me demande qui a eu besoin de ça besoin de griffer le monde pour qu’il réponde enfin une fois juste une fois le mur respire autrement maintenant un souffle de travers un souffle nécessaire je vois la ville se tenir raide autour de la blessure incapable d’avaler la forme je me dis que peut-être il fallait ça une secousse un heurt une preuve qu’on peut encore toucher le réel sans gants sans autorisation sans dossier à remplir un geste qui fend la façade pour que le dedans sorte ou rentre je ne sais pas un geste qui dit je refuse l’effacement je refuse la peau lisse je refuse de me dissoudre dans vos lignes droites le mur devient témoin d’une urgence sans nom un besoin qui déborde et se cherche une sortie je regarde la trace indocile et je me dis que ça nous reflète nous qui n’avons jamais su tenir bien en ligne droite nous qui avons un jour eu la gorge trop pleine pour la fermer nous qui aurions voulu un endroit où accrocher notre bruit alors la marque reste là brute tachée bancale et soudain terriblement vivante preuve que quelqu’un quelque part n’a pas supporté de rester intact et que ça mérite d’être vu
Par : Qui jamais n’envierait la courronne de ses joyaux et ses privilèges ?
Ce sont encore des jours où l’on invoque les vandales
sans trop bien les connaitre.
Chassé.es comme des lions depuis l’europe jusqu’à carthage
les vandales sont des filaments qu’on eteint et que l’on prefere oublier.
Pour seul, on retient les faits d’armes
comme la queue de comète tombant sur le continent.
On dit que le vandalisme aurait pour «inventeur» l’abbée Grégoire
un temps détracteur au dessertissage de grenats et refonte de sceptres
qu’il déploya le terme pour tuer la chose.
Ainsi on marque les vandales au fer rouge.
Celleux qui battent le fer écoulent le fillon.
Et encore on l’écoute dans sa vulgate
idéaliser la perfectibilité humaine
enjoindre les metteur.euses de sacs en un même panier.
De force l’invention est un cuir épais
les cultures vandales ont in-fine
moins enrichies les mémoires et les quêtes que les langues
Le vandale est l’ennemi de ce qui est bon à peindre
car l’invention de l’abbée est l’appareil du pittoresque :
on extrait de l’or des ruines
on estime des lieux rudes et accidentés,
auraient pu faire la fortune des vandales.
Alors, (après 1260 ans) on les rappelle contre la récidive
iels sont fait.es adversaires aux nouveaux temples à défendre.
Dans une recherche de quelques mots vandales pour parer l’inconscient,
on retrouve des traces en des poèmes latins.
Pour toujours révolutionnaire, l’un termine comme ceci :
Qu’accomplissent de pire ennemi, voleur ou brigand, si un roi et son ministre ont de tels procédés ?
Le peintre en bâtiment ramène son pinceau vers lui. L’ouvrage prend du temps, s’accumule entre les mains tachées. Le scotch qui évite les éclaboussures n’est pas toujours mis, car les contours sont surfaits. La main du peintre s’exprime tout en ayant l’utilité d’un outil. La rénovation relève de l’attente, les travaux ne sont qu’envisagés. Couche après couche, la progression est affaire de nuancier, de narration ; la porte devient cinéma d’intentions. Traverser son seuil n’intéresse personne.
Repeinte, la porte est un élan. L’élan de l’ouvrier est une peinture dans le vide.
Que le revêtement craque et l’appel se fera d’un nouveau chantier. Tenant le pot de peinture en équilibre, une jambe dans le vide, les yeux écarquillés, l’ouvrier évalue sa capacité à reprendre son travail. Le vertige des échafaudages donne une meilleure vue.
La peinture continue de tourner entre les mains des ouvriers. Les ouvriers se reconnaissent aux taches de peinture. De toute part, les vêtements sales n’ont rien de suspect.